24.6.10



et si c'était pas à moi de lire la photo? c'est peut etre plus interessante que quelqu'un d'autre, meme un inconnu, écrit ce que la photo lui suggère..

(desolée mais mes photos les plus recentes sont celles la de paris l'année dernière. je n'ai pas de scanner ici!)

17.6.10

Silicon Games

Copyright Fabrizio Botta, 2009, Levallois, Paris

Gli antichi costruirono Valdrada sulle rive d’un lago con case tutte verande una sopra l’altra e vie alte che affacciano sull’acqua i parapetti a balaustra. Così il viaggiatore vede arrivando due città: una diritta sopra il lago e una riflessa capovolta. Non esiste o avviene cosa nell’una Valdrada che l’altra Valdrada non ripeta, perché la città fu costruita in modo che ogni suo punto fosse riflesso dal suo specchio, e la Valdrada giù nell’acqua contiene non solo tutte le scanalature e gli sbalzi delle facciate che s’elevano sopra il lago ma anche l’interno delle stanze con i soffitti e i pavimenti, la prospettiva dei corridoi, gli specchi degli armadi. Gli abitanti di Valdrada sanno che tutti i loro atti sono insieme quell’atto e la sua immagine speculare, cui appartiene la speciale dignità delle immagini, e questa loro coscienza vieta di abbandonarsi per un solo istante al caso e all’oblio. Anche quando gli amanti danno volta ai corpi nudi pelle contro pelle cercando come mettersi per prendere l’uno dall’altro più piacere, anche quando gli assassini spingono il coltello nelle vene nere del collo e più sangue grumoso trabocca più affondano la lama che scivola tra i tendini, non è tanto il loro accoppiarsi o trucidarsi che importa quanto l’accoppiarsi o trucidarsi delle loro immagini limpide e fredde nello specchio. Lo specchio ora accresce il valore delle cose, ora lo nega. Non tutto quel che sembra valere sopra lo specchio resiste se specchiato. Le due città gemelle non sono uguali, perché nulla di ciò che esiste o avviene a Valdrada è simmetrico: a ogni viso e gesto rispondono dallo specchio un viso o gesto inverso punto per punto. Le due Valdrade vivono l’una per l’altra, guardandosi negli occhi di continuo, ma non si amano.

Valdrada – da Le città invisibili, di Italo Calvino


Waiting...

Copyright Fabrizio Botta, 2009, Paris, France

Chaque jour ou presque, depuis des années maintenant, il prend la plume et il lui écrit. Il n'y a pas de nom ni d'adresse à mettre sur ces enveloppes : mail il a une vie à raconter. Et à qui, si ce n'est à elle? Il pense que, lorsqu'ils se rencontreront , ce sera beau de poser sur ses genoux une boite en acajou pleine de lettres et de lui dire, je t'attendais! Elle ouvrira la boite et, lentement, quand elle le voudra, elle lira les lettres l'une après l'autre et, remontant des kilomètres de fil d'encre bleu, elle prendra donc les années, les jours, les instants, dont cet homme, avant même de la connaitre, lui avait fait cadeau. Ou peut etre, plus simplement, elle retournera la boite et, ébahie devant cette drôle de neige de lettres, elle sourira en disant à cet homme - TU ES FOUS...Et pour toujours elle l'aimera.

Alessandro Baricco, Océan Mer, 2002

Obscure geometry

Copyright Fabrizio Botta, 2006, Paris, France

“Il existe dans les villes une architecture visible porteuse d'une mémoire "plastique" et identifiable en tant que telle, marquée par le temps, les guerres, les changements. Ce sont toutes les infrastructures qui la caractérisent. Il existe aussi dans les villes une architecture invisible, masquée par les parcours individuels des hommes qui l'ont traversée. À une mémoire collective se mêlent des souvenirs personnels qui la modifient. Car les hommes qui vivent dans les villes sont porteurs de l'une et l'autre mémoire. En somme, ils inscrivent à travers leur parcours quotidien des signes invisibles qui finissent par modifier physiquement l'architecture de la ville elle-même. C'est par le regard qu'ils posent sur elle que la ville peu à peu se transforme et se construit”.

Les villes invisibles, ITALO CALVINO, 1972

Le maillon faible

Copyright Fabrizio Botta, 2009, Istanbul, Turkey


”Il est vrai que plus que tout autre nouveau candidat à l'entrée dans l'Union européenne, la Turquie pose à l'Europe un réel problème existentiel : étant donné que la Turquie n'est pas européenne, ou du moins qu'il s'agit du premier Etat candidat dont l'européanité est plus que discutée, la candidature turque oblige pour la première fois l'UE à se poser de vraies questions géopolitiques concernant son identité, ses limites géographiques et civilisationnelles, son avenir, son développement et son projet. Le débat relancé sur la Turquie dans l'Europe est également une formidable occasion offerte à ce pays, pont entre l'Orient et l'Occident, pour faire le point sur lui-même, sur son identité, ambivalente et complexe. Car la Turquie est fondamentalement un pays déchiré, entre, d'une part, un Ouest prospère et une élite occidentalisée adhérant plus ou moins à l'idéologie officielle laïque héritée du Kémalisme, puis, d'autre part, un Est-anatolien islamo-asiatique majoritaire, tourné vers le Moyen-Orient”.

Le dilemme turc ou les vrais enjeux de la candidature d’Ankara, ALEXANDRE DEL VALLE et EMMANUEL RAZAVI, 2005

The city without us

Copyright Fabrizio Botta, 2007, Paris, France

“The notion that someday nature could swallow whole something so colossal and concrete as a modern city doesn’t slide easily into out our imaginations. The sheer titanic presence of a New York City resists efforts to picture it wasting away. The events of September 2001 showed only what human beings with explosive hardware can do, not crude processes like erosion or rot. The breathtaking swift collapse of the World Trade Center towers suggested more to us about their attackers than about mortal vulnerabilities that could doom our entire infrastructure. And even that once-inconceivable calamity was confined to just few buildings. Nevertheless, the time it would take nature to rid itself of what urbanity has wrought may less than we might suspect”.

The world without us, ALAN WEISMAN, 2007

14.6.10

Desideri

Copyright Tommaso Giuntini, 2009, Paris, France

“Me miras, de cerca me miras, cada vez más de cerca y entonces jugamos al cíclope, nos miramos cada vez más de cerca y nuestros ojos se agrandan, se acercan entre sí, se superponen y los cíclopes se miran, respirando confundidos, las bocas se encuentran y luchan tibiamente, mordiéndose con los labios, apoyando apenas la lengua en los dientes, jugando en sus recintos donde un aire pesado va y viene con un perfume viejo y un silencio. Entonces mis manos buscan hundirse en tu pelo, acariciar lentamente la profundidad de tu pelo mientras nos besamos como si tuviéramos la boca llena de flores o de peces, de movimientos vivos, de fragancia oscura. Y si nos mordemos el dolor es dulce, y si nos ahogamos en un breve y terrible absorber simultáneo del aliento, esa instantánea muerte es bella. Y hay una sola saliva y un solo sabor a fruta madura, y yo te siento temblar contra mi como una luna en el agua. ”

Rayuela, JULIO CORTÁZAR, 1963




Amami ancora, fallo dolcemente


Copyright Tommaso Giuntini, 2009, Berlin, Germany

“Ainsi le petit prince, malgré la bonne volonté de son amour, avait vite douté d'elle. Il avait pris au sérieux des mots sans importance, et était devenu très malheureux. «J'aurais dû ne pas l'écouter, me confia-t-il un jour, il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m'en réjouir. Cette histoire de griffes, qui m'avait tellement agacé, eût dû m'attendrir... » Il me confia encore:
« Je n'ai alors rien su comprendre ! J'aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m'embaumait et m'éclairait. Je n'aurais jamais dû m'enfuir ! J'aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires ! Mais j'étais trop jeune pour savoir l'aimer. » ”

Le petit prince, ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, 1943


Acariciame

Copyright Tommaso Giuntini, 2008, Paris, France

“Louise est légère, en suspension, amoureuse. Elle prend de l’énergie dans la lumière du ciel, le scintillement des feuilles, les mouvements des branches. Avec Romain, elle a aimé l’odeur de l’herbe coupée près du grand bassin du Luxembourg, elle qui est allergique à l’herbe coupée. Elle a aimé la sirène de la péniche qui passait sous la Passerelle des Arts, et le vent qui soulevait sa jupe. Elle a aimé l’air froid de la dépression de Sibérie qui soufflait place Blanche un matin, elle qui n’aime ni le froid, ni place Blanche. Elle a aimé le rose d’un soleil couchant du haut du parc des Buttes Chaumont, pour lequel elle plissait les yeux. Elle a aimé le goût d’un chocolat trop chaud dans un café de la rue des Abbesses, et jusqu’à la douleur de la brûlure. Elle a aimé tout cela, et Romain était là, avec elle, au moment où elle l’aimait. Elle se demande si elle l’aimait parce qu’il était là. ”

Assez parlé d’amour, HERVÉ LE TELLIER, 2009