13.6.10

La nature de l'eau

Copyright Fabrizio Botta, 2009, Le Rotoir, France


“L’eau, elle, porte en elle le désir permanent de remodeler le monde. C’est par son intermédiaire préféré qu’agissent les variations climatiques. Si la température tombe, la moitié du globe se couvre de glace. Si l’atmosphère se réchauffe, la pluie perd toute mesure. Au lieu d’accorder équitablement et paisiblement ses bienfaits, elle se concentre sur certaines régions et certaines périodes, créant là des déserts, dévastant tout ailleurs par des inondations imparables. Mais il ne faut pas croire qu’en des époques plus calmes elle reste paresseuse. Elle ne cesse de travailler. Et d’abord elle attaque. Sous ses dehors bénins, l’eau adore agresser. Elle n’y peut rien, c’est ça nature. Les minéraux des roches sont ses premières victimes. Mais l’eau décidément redoutable, attaque aussi plus insolemment, frontalement. La goutte de pluie et le raz de marée sont autant de projectiles qui peuvent faire éclater toutes sortes de matériaux. Ce beau travail de destruction achevé, les fleuves n’ont plus qu’à emporter vers la mer les particules esseulées. Car l’eau, non contente de ronger, évacue. C’est même son jeu favori, et d’ailleurs nécessaire : si elle ne se débarrassait pas des débris, ils feraient obstacle, ils l’empêcheraient d’agresser de nouvelles roches. Nous devons à l’eau la plupart des nos paysages”.

L’avenir de l’eau, ERIK ORSENNA, 2008

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